Le principal atout de l’Eurométropole est la coopération qu’elle permet dans un très grands nombre de domaines, notamment l’environnement, les transports, l’emploi, selon des modalités qui seront étudiées dans une partie spécifique.
Ces actions entraînent une efficacité accrue, pour chaque pays, dans ces branches spécifiques. De plus, la configuration de l’Eurométropole donne toute sa cohérence à un espace continu de part et d’autre de la frontière, d’où découle une fusion des énergies qui ne peut qu’avoir des effets positifs à long terme. La présence de trois régions et de deux États au sein de l’Eurométropole fait bénéficier l’ensemble des atouts et des points forts de chacun. Ainsi, la province de Flandre orientale est dans une situation relativement plus favorable que son homologue wallonne et la région Nord Pas-de-Calais.
Les raisons de sa réussite peuvent être communiquées aux autres membres pour ainsi les aider à améliorer leur situation. La constitution d’un espace cohérent, visible à l’échelle européenne, renforcé par son rôle moteur dans les transports, permet d’en faire un lieu essentiel de la structuration du territoire de l’Union européenne.
Un autre point fort, cette fois-ci valable surtout à l’échelle belge, est la présence, entre les deux communautés, d’élus et d’institutions françaises, qui peuvent servir en quelque sorte d’intermédiaires entre la Wallonie et la Flandre, les amenant à des positions communes. De même, cette présence est parfois une concurrence, conduisant les représentants belges à parler d’une seule voix.
Ceci nous amène à envisager les faiblesses de l’Eurométropole. Elles sont nombreuses.
D’un point de vue politique d’abord. La tradition française du pouvoir centralisé peut s’opposer aux pratiques fédérales de la Belgique, d’où des incompréhensions. De plus, Lille constitue tout de même le point central de cette construction pluriétatique et multiscalaire, avec par conséquent une crainte des autorités belges de se retrouver comme happées par la bureaucratie française. Ces deux dernières faiblesses sont donc liées. Enfin, il est délicat de faire travailler ensemble Wallons et Flamands, compte tenu du contexte politique actuel de la Belgique.
Le deuxième ensemble de faiblesses concerne d’avantage les instruments dont dispose l’Eurométropole. Pour limiter les désaccords dus à une situation politique complexe, elle est essentiellement un organe consultatif, lieu de réunion des différents acteurs qui sont ensuite libres d’agir chacun de leur côté. Le budget alloué est d’ailleurs très réduit en comparaison de ceux dont disposent les institutions nationales et locales chargées d’appliquer les projets. L’influence décisionnelle de l’Eurométropole est donc très faible.
Enfin, l’Eurométropole souffre d’une « faiblesse spatiale ». En effet, la frontière est toujours présente, malgré l’intégration, et la structuration de l’espace inhérente à chacun des États reste visible. Malgré le nœud de transports qu’elle constitue, Lille est sous l’influence de Paris, alors que les communes belges les plus reculées de l’Eurométropole semblent d’avantage comprises dans l’arrière-pays bruxellois. En d’autres termes, il paraît encore assez délicat de dégager un espace cohérent, du moins évident pour tous. De plus, l’espace concerné touche des zones relativement fragiles, en restructuration. Si la coopération s’avère un atout non négligeable dans ce processus, il peut aussi être une faiblesse, car les égoïsmes nationaux, et, dans le cas de la Belgique, régionaux, risquent de survenir à tout instant.
En conclusion, on peut remarquer que l’Eurométropole est un espace non pas constitué, mais en cours de construction. Elle est fragile, mais représente une réussite exceptionnelle de coopération à l’échelle européenne, référence en la matière. Elle illustre bien l’idée selon laquelle l’espace est avant tout un construit, une manière dont l’homme organise l’espace, qu’un donné auquel il doit s’adapter. En cela, les fragilités énoncées ne sont pas une fatalité et force est de constater l’immense effet positif, difficilement quantifiable, que représente la dynamique impulsée par l’Eurométropole.
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