20 avril 2010. Nous garons les voitures dans le parking à énergie solaire, avalons un sandwich, un café : nous voilà au rendez-vous. Un habitant du village d’une soixantaine d’années, vient à notre rencontre : ce sera notre guide.
Photo ci-contre : Une vue du quartier.
Le quartier Vauban a été construit entre 1993 et 2006, avec les premiers bâtiments solaires de toute l’Allemagne (même si d’autres essais avaient déjà été effectués auparavant). En 1975, un projet de centrale atomique sur le Rhin à proximité du terrain de l’actuel quartier a suscité le mécontentement des habitants de la ville.
Le terrain appartenait alors à l’armée française et il y avait dessus des casernes construites par les Allemands en 1926. En 1992, les Français sont partis des casernes de Fribourg, et la France a vendu le terrain à l’Allemagne. L’idée était de construire un nouveau quartier HLM mais certains Fribourgeois, dont les parents avaient lutté contre la centrale, ont demandé à la ville s’ils pouvaient lancer une expérience écologique. Ils ont occupé le terrain, puis l’ont transformé.
Le quartier Vauban est donc un quartier très jeune et les habitants ont un profil très particulier puisqu’ils sont les enfants de militants du mouvement écologiste. Le quartier est surtout un prototype d’éco-quartier ; l’un des plus célèbres par sa taille (200 logements, 5200 habitants) et par la présence d’une maison héliotrope. Le quartier Vauban était ainsi représenté à l’exposition de Shanghai, fin avril 2010.
Objectifs environnementaux
Maisons à basse énergie.
Le guide commence par nous faire visiter la zone du quartier où sont construites les maisons à basse énergie. Les habitations consomment une quantité très variable d’énergie selon un certain nombre d’éléments : matériaux de construction, exposition au soleil, architecture de l’habitation… Ainsi, trois types de maisons coexistent dans le quartier Vauban :
- des maisons normales, qui consomment 240 kwatt/m2/an
- des maisons à basse énergie, qui consomment 205 kwatt/m2/an
- des maisons passives, qui consomment 15 kwatt/m2/an.
Photo ci-contre (cliquer pour agrandir) : Maisons passives
Maisons passives
Les maisons passives sont orientées vers le sud, avec des triples fenêtres pour favoriser l’ensoleillement, et une très bonne isolation en laine de mouton, liège, cellulose (« pas de laine de verre, qui provoque un risque de maladies »).
Elles ont des panneaux solaires photovoltaïques sur le toit, pour produire l’électricité. Le système fonctionne particulièrement bien, en raison d’un fort taux d’ensoleillement (1750 heures de soleil/an). Les habitants de ces maisons peuvent d’ailleurs vendre le surplus d’électricité produit, puisque la production d’énergie est trois fois supérieure à ce que la maison consomme.
Toutefois, ces panneaux solaires sont exposés au risque de la chaleur : c’est pourquoi des solutions pour conserver l’humidité (mur absorbant, petits jardins) ont été mises en place. Chaque maison a une surface comprise entre 130m2 et 150 m2 et correspond à une famille et à une couleur, car la famille est bien l’unité sociale pertinente pour comprendre l’organisation du quartier Toutes les maisons sont construites sur le même modèle architectural, mais les murs intérieurs sont modulables d’une maison à l’autre. Il n’y a pas d’aménagement particulier pour l’eau, même s’il existe des maisons qui peuvent nettoyer l’eau (WC, vaisselle, …).
L’eau de pluie, en revanche est récupérée : l’infiltration entre les pavées est favorisée par la présence de terre meuble et de pelouses. Il existe deux canaux de récupération de l’eau de pluie, qui se sont vite transformés en piscine pour les enfants.
Les maisons sont souvent construites en bois. Au début, ce bois provenait de la Forêt Noire mais étant donné qu’il était trop mou, il a fallu changer de bois. Le bois, s’il donne une touche « écolo », est cependant coûteux : il faut le peindre – avec de la peinture écologique – tous les cinq ans.
Mixité fonctionnelle.
L’éco-quartier est organisé sur le modèle du village : ainsi, au rez-de-chaussée des bâtiments, on trouve des bureaux, des magasins, des parkings. Le guide a même utilisé l’expression « village dans la ville ».Cependant, l’usage de la voiture est très limité : « Elles sont tolérées pour décharger les courses, ensuite, elles doivent être rangées » (Guide).
Photo ci-contre (cliquer pour agrandir) : Place du village et maison de quartier
Les voitures encombrant le passage reçoivent d’ailleurs un petit mot sur le pare-brise, invitant leur propriétaire à les déplacer. Beaucoup d’habitants n’ont ainsi pas de voitures : des associations pour louer une voiture pendant l’année ont été mises en place. Moyennant une cotisation de 24 €/an, les habitants peuvent, lorsqu’ils en ont besoin, louer une voiture à l’heure. Le covoiturage est également très développé dans le quartier. Il ne faudrait pas croire que les habitants se déplacent peu. Au contraire, un grand nombre d’entre eux travaille à Bâle car il y a très peu d’industries à Fribourg.
Le quartier est structuré autour d’un axe central (allée Vauban), où est installée la majorité des commerces, boulangeries, bijouteries, pharmacies… Une maison de quartier permet aux habitants d’organiser des évènements, des fêtes, des conférences, des projections cinéma…
La population du village est une population jeune, avec beaucoup d’enfants (20% de la population), ce qui implique des aménagements particuliers, notamment des crèches (il en existe 2 pour les enfants de 1 à 3 ans, et 2 pour les enfants de 1 à 6 ans) et des écoles (il y a actuellement une seule école primaire, mais la construction d’une deuxième école est prévue).
L’organisation générale du quartier semble d’ailleurs faite pour les enfants. À partir de l’allée centrale, sur laquelle circulent le tramway et quelques voitures, partent des rues piétonnes, « pour que les enfants puissent jouer en toute tranquillité ».
De nombreuses aires de jeu ponctuent également le paysage du quartier. Le guide nous a assuré qu’elles étaient fréquentées par des personnes extérieures au quartier. Toutefois, les habitants anticipent le vieillissement de la population : l’école pourrait un jour être transformée en maison de retraites.
Photo ci-contre (cliquer pour agrandir) : Rues piétonnes