Si, comme les recherches récentes le prouvent, les hautes-chaumes vosgiennes doivent leur existence aux activités humaines [Goepp, 2007], alors les évolutions récentes des dynamiques économiques et sociales doivent nécessairement se répercuter dans les évolutions du paysage, entendu comme « une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations » [Convention Européenne de Florence, 2000].
Or ces espaces souffrent d’une certaine déprise rurale qui, associée à une modification des pratiques agricoles, rend l’utilisation des hautes-chaumes marginale du point de vue économique. Dès les années 1950, Pierre Marthelot déplorait « des traces trop évidentes de décadence » [Marthelot, 1952] et de reconquête par la forêt des pâturages d’altitude.
Dans ces conditions, quelle a été la réaction des acteurs du territoire ? Fallait-il protéger ces espaces ? Si oui, en quel nom ? Quelles mesures ont été prises ?
Nous réfléchirons dans un premier temps sur ce qui peut fonder la valeur des hautes-chaumes et ainsi justifier sa protection. Dans un second temps, nous reviendrons sur les pratiques contemporaines de gestion de ces espaces patrimoniaux avant de prendre le cas du massif du Hohneck comme étude concrète.